Le premier rapport annuel du Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE) a permis d’esquisser une feuille de route visant à opérer une transition énergétique en Algérie, vers un système sobre, basé sur des modes durables et économiquement performants.
Ainsi, le CEREFE souligne, dans ce rapport publié il y a quelques jours, l’importance de mettre la transition énergétique d’abord au service de l’économie nationale « comme catalyseur pour une véritable amorce de développement ascendant et soutenu de la nation ». Pour ce faire, il est recommandé d’identifier de manière « sereine et rigoureuse » tous les critères qui peuvent mener avec succès à l’objectif tracé, « sans pour autant verser dans l’improvisation et la précipitation qui ont prévalu jusqu’ici « , écrit le CEREFE dans ce rapport.
La transition énergétique doit donc se baser sur « la conversion des effets des échecs du passé en arguments favorables à l’entame de réformes profondes mais salutaires à l’avenir, au lieu de chercher à rapiécer certains modèles obsolètes dont le démantèlement reste peu coûteux alors que leur relance est vouée à être sans lendemain sur le plan économique ».
Le CEREFE note aussi que toute transition énergétique « n’a de sens stratégique pour un pays que lorsqu’elle est essentiellement élaborée pour répondre en premier lieu aux besoins locaux sur la base de prévisions fiables à moyen et surtout à long terme ».
Concrètement, le Commissariat recommande d’ordonner les priorités quant aux premières orientations à suivre en matière de transition énergétique, en focalisant l’intérêt sur les plus gros usagers tels que les ménages et les transports afin « d’identifier au mieux des actions adaptées qui s’adressent à la source même du problème et donc susceptibles d’être efficaces ».
Cette démarche doit être suivie d’une deuxième étape d’affinement, établie à partir des produits énergétiques à large consommation afin de scruter l’ensemble des solutions de substitution profitables selon des objectifs précis en termes économiques, impact sur l’environnement et assurance de la disponibilité à tout moment, selon le rapport.
Concernant l’usage des ressources énergétique nationales (165 MTep en 2018) qui reste marqué par l’exportation de 61 % des ces capacités en état brut, le CEREFE propose d’échelonner selon un calendrier « réaliste » la conversion en produits raffinés d’une partie des ressources primaires.
« Il est évident qu’un développement local d’une industrie pétrochimique performante, dont les produits finis sont concurrentiels et ont des débouchés réels sur le marché international, serait la meilleure alternative. Cette reconversion permet, en plus de l’assurance de revenus plus stables pour le pays, un développement notable de l’activité économique locale, créatrice d’emploi », soutient le Commissariat.
Par ailleurs, le rapport insiste sur la nécessité de « remodeler en profondeur » les besoins en termes de productions énergétiques destinées à la consommation intérieure, ajoutant que toutes les stratégies dans ce domaine à travers le monde s’articulent autour du réseau électrique.
Sur ce point, le CEREFE estime que l’approche la « plus intéressante » pour commencer la transition énergétique serait d’ouvrir le réseau national d’électricité aux petits et moyens producteurs indépendants de l’énergie photovoltaïque. Il s’agit d’encourager l’option d’autoconsommation à travers un déploiement étudié et réglementé des installations solaires photovoltaïques qui seront connectées au réseau de distribution en assurant des productions de petites ou moyennes capacités.
Cependant, l’arrivée de nouveaux modes de production à base de ressources renouvelables impose le basculement d’une gestion centralisée qui « devient périlleuse sur tous les plans », vers de nouvelles approches ouvertes aux techniques modernes, capable de prendre en charge les futures configurations qui se dessinent (réseaux intelligents, micro-réseaux ).
Abordant la libéralisation de la production d’électricité, le rapport a rappelé avait institué l’ouverture effective de ce marché à la concurrence en décrétant la loi 02-01 du 5 février 2002, mais « les directives les plus significatives en la matière, comme la mise en place d’un opérateur marché, pourtant prévue avec insistance par cette même loi, ont été mise en veilleuse à ce jour « .
Parallèlement à ces ajustements juridiques, l’intégration au réseau des productions intermittentes d’électricité à base de ressources renouvelables nécessite le déploiement de moyens de stockage de l’énergie électrique, fait remarquer le CEREFE qui recommande d’introduire au niveau national, « ne serait-ce qu’à titre d’installations pilotes », certaines techniques éprouvées en matière de stockage.
Il est également nécessaire d’introduire de manière progressive les nouvelles technologies relatives à la digitalisation de la gestion du réseau (compteurs communicants et intelligents) qui constituent un « préalable incontournable » au développement des productions décentralisées d’électricité à base de ressources renouvelables, notamment le solaire photovoltaïque au niveau des secteurs résidentiel et tertiaire.
R. E.