Plus de 150 députés espagnols se sont adressés au nouveau président américain, Joe Biden, pour annuler « la décision unilatérale » de son prédécesseur concernant le Sahara occidental et la « reconnaissance illégale » de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
« En tant que parlementaires, nous souhaitons attirer votre attention sur la proclamation présidentielle annoncée par l’ancien président américain, le 10 décembre 2020, reconnaissant les revendications territoriales illégales du Royaume du Maroc sur le territoire non autonome du Sahara occidental », soulignent les signataires.
Précisant que la demande n’a « aucune intention d’interférer dans le choix souverain des Etats-Unis en matière de relations internationales », les députés soulignent que « la proclamation susmentionnée est une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies à bien des égards ». Ils rappellent également que « le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est un territoire délimité par des frontières internationales
hérité de l’époque coloniale et habité par un peuple souverain dont le droit inaliénable à l’autodétermination a été reconnu par l’Assemblée générale de l’ONU depuis 1963 avec l’inscription de ce territoire sur la liste de l’Organisation des Nations Unies des territoires non autonomes ». « Ce statut a été encore renforcé par l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice en octobre 1975, ainsi que par plusieurs autres arrêts pertinents, dont celui rendu par la Cour de justice de l’Union européenne, en 2016 et 2018 que, en vertu de la Charte de l’ONU, le Sahara occidental a un statut séparé et distinct par rapport au Royaume du Maroc », a-t-on également rappelé.
« Le Royaume du Maroc et le Front Polisario, représentant unique et légitime du peuple sahraoui, se sont mis d’accord, sous les auspices de l’ONU, sur un plan de règlement qui prévoyait de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance à travers un référendum libre, transparent et démocratique qui, malheureusement, a stagné depuis que les autorités marocaines ont décidé unilatéralement de se dissocier de cet accord contraignant », ajoute la lettre adressée au président Joe Biden.
Les députés au niveau de l’Etat espagnol et des communautés autonomes, soulignent que « le peuple sahraoui a inlassablement défendu son droit à l’autodétermination et à l’indépendance dans le plein respect du droit international et avec une foi totale dans le règlement pacifique du conflit ».
Ils déplorent, en outre, « la proclamation faite par l’ancien président américain qui va à l’encontre non seulement de la Charte des Nations unies, mais aussi d’un principe fondamental de la Constitution des Etats-Unis, à savoir le droit à l’autodétermination, qui a été défendu par le président Wilson en 1918, et depuis lors est devenu un principe légal grâce auquel de nombreux pays du monde entier jouissent de leur liberté. »
Faisant appel à la nouvelle approche de la politique internationale des Etats-Unis, les députés indiquent que « l’engagement ferme en faveur du multilatéralisme et le respect des Etats-Unis d’Amérique pour leurs obligations internationales nous donne l’espoir qu’il (Joe Biden) révoquera cette proclamation illégale en réaffirmant la position traditionnelle de son pays vis-à-vis du statut juridique du Sahara occidental et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à la liberté ».
Enfin, la demande adressée à Biden précise que « des décisions unilatérales sur un conflit international de cette nature juridique ne feraient que compromettre les efforts en cours de l’ONU et alimenter les tensions dans une région vitale pour la sécurité européenne et méditerranéenne ».
R. I.