Les éditeurs de la presse électronique ont choisi la veille du la Journée internationale de la presse qui coïncide avec le 3 mai de chaque année pour interpellé les pouvoirs publics, à leur tête le ministère de la Communication, sur la situation d’errance et de précarité qu’ils endurent depuis des années. Organisé en syndicat, les éditeurs de la presse électronique ont fait valoir la loi 2012 sur l’information qui reconnait l’existence de la presse électronique. Mais sans la promulgation des textes d’application de cette loi, la presse électronique demeure sans statut juridique déplorent-t-ils. Réunis aujourd’hui 2 mai au siège de l’Interface Media à Alger, le Syndicat algérien des éditeurs de presse électronique (SAEPE), non encore agrée, a brossé un tableau noir sur la situation dans laquelle se trouve la presse électronique.
Après une brève réunion de concertation, les éditeurs de la presse électronique (une trentaine environ) ont tenu sur place une conférence de presse pour expliquer leurs revendications.
Le SAEP réitère, à l’occasion, son appel aux pouvoirs publics pour la reconnaissance légale des sites électroniques à commencer par l’octroi de la carte de presse pour les journalistes des medias électroniques. Pour les animateurs de la conférence de presse intitulée «les médias électroniques algériens décidés à mettre l’Etat devant ses responsabilités », l’Etat doit prendre ses responsabilités. Car, expliquent-ils, l’avenir des médias dans le monde numérique et le développement des contenus digitaux algériens sont en jeu.
Les membres du SAEPE veulent s’inscrire dans une logique de partenariat avec les pouvoirs publics et pas dans celle de la confrontation. «Nous voulons faire de la presse électronique un modèle économique comme c’est le cas partout dans le monde de sorte à ce qu’elle devienne la locomotive des contenus digitaux», signale-t-ils.
Dans le contenu du projet intitulé «Pacte d’avenir», présenté à la presse, les conférenciers interpellent les pouvoirs publics afin de donner suite aux requêtes de l’ensemble des médias électroniques qui veulent, précisent-ils, être des acteurs de l’économie numérique algérienne naissante et devenir promoteurs de cette industrie-nouvelle des contenus digitaux. Car, d’après eux, l’enjeu n’est plus de contrôler l’information. Il est question, par contre, expliquent-ils de faire exister un contenu algérien à côté des autres contenus du monde entier. Pour cela, poursuivent les représentants du SAEPE, «nous avons pris le pari de l’investissement et nous voulons en poursuivre le risque créatif. Nous voulons redonner un souffle au travail du journalisme mis à mal par la crise du modèle économique des médias traditionnels et par l’incursion des réseaux sociaux comme source alternative d’information». Les éditeurs de la presse électronique affirment par ailleurs que leur projet «ira à son terme car il est vital pour l’avenir des plus de 30 médias électroniques qui y sont d’ores et déjà affiliés».
Internet a révolutionné les formes de conception, de diffusion et de réception de l’information. De nouvelles industries de la culture voient le jour à travers la presse en ligne, la télévision sur le web, la radio numérique, etc.
Lynda Mellak
Les cinq poits contenus dans le «Pacte d’avenir » de la presse électronique
1-Il est nécessaire d’entamer l’application de la loi numéro 12-05 du 2012 dans ses dispositions générales et celles relatives à la liberté d’exercice de l’information en ligne en Algérie. Les médias électroniques et les professionnels de la presse en ligne sont maintenus arbitrairement en dehors de tout cadre légal. Nous demandons la fin de cette situation.
2-Il est indispensable d’impliquer les représentants du SAEPE dans la préparation des textes d’application de cette loi. La pratique de l’édition électronique évolue rapidement et nécessite l’échange des législateurs et des régulateurs avec les professionnels pour éviter les impasses juridiques qui ont par ailleurs bloqués l’émergence des médias audiovisuels en Algérie.
3-Les représentants des SAEPE demandent à être associés à la commission de la carte de presse nationale, carte à laquelle les journalistes des médias en ligne n’ont toujours pas droit. De même que le SAEPE revendique que soient appliquées pour les journalistes professionnels des médias électroniques les dispositions légales en cours pour le reste de la presse, notamment celles qui excluent le recours à la détention dans les affaires de délit de presse. De même temps les institutionnels doivent ouvrir l’accès à l’information à la presse électronique. Elle doit être conviée aux couvertures des évènements officiels nationaux ou locaux.
4-Le SAEPE demande la levée sans délai de l’embargo de la presse publique et institutionnelle sur la presse électronique. L’ANEP est instruite pour ne pas signer de convention d’achat d’espace publicitaire sur les médias en ligne. Cet étranglement économique doit cesser. Des annonceurs publics et institutionnels ont besoin pour la visibilité de leur communication d’utiliser les journaux d’information en ligne comme le font les acteurs privés. Il est temps de les laisser choisir librement leurs supports lorsqu’ils souhaitent s’appuyer sur l’exposition en forte croissance des médias digitaux algériens.
5-Le SAEPE propose l’institution d’un fonds pour le développement des contenus numériques algériens, en particulier de la presse électronique. Ces représentants réservent à la discussion autour des textes d’application de la loi 2012, la présentation des solutions de financements de ce fonds. Il en existe parmi des sources de revenus publics déjà disponibles et d’autres à introduire (par exemple en taxant le sponsoring en devises des pages de réseaux sociaux des marques algériennes).
L.M