Les cours du pétrole ont pris de la hauteur mardi, catapultés par un accès de faiblesse du dollar ainsi que les prévisions de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), qui a fortement relevé ses anticipations de prix pour 2022.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars, contrat le plus échangé à Londres, a bondi de 3,52% pour clôturer à 83,72 dollars. A New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février a pris 3,82% pour s’inscrire à 81,22 dollars. En séance, Brent et WTI sont montés à leur plus haut niveau depuis le 10 et le 16 novembre respectivement.
L’ensemble des marchés financiers a été orienté par les propos du président de la Banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, lors de son audition de confirmation devant la commission des Affaires bancaires du Sénat. S’il a indiqué que la Fed était prête à relever ses taux pour ralentir l’inflation, le ton de son intervention a été jugé moins radical que celui des minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire, publiées la semaine dernière.
Il n’en fallait pas plus pour saper le dollar, qui est descendu au plus bas depuis quasiment deux mois face à l’euro. « Cela a déclenché des réactions sur d’autres classes d’actifs », a expliqué Matt Smith, responsable de l’analyse pétrole pour le fournisseur de données spécialisées dans les matières premières Kpler.
Le pétrole, comme la plupart des matières premières, étant libellé en dollars, un repli du billet vert peut entraîner le baril à la hausse. Les prix ont aussi été aiguillonnés par un rapport de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), qui a relevé de près de 5 dollars (4,90) son estimation de prix moyen du Brent (74,95 dollars) et du WTI (71,32) pour 2022 par rapport à sa dernière publication, début décembre.
Les opérateurs « continuent à voir la situation dans son ensemble, avec un marché qui va être dirigé par la demande », laquelle continue de croître, n’ayant été affectée qu’à la marge par la vague du variant Omicron du coronavirus, a insisté Matt Smith. Malgré la stabilisation au Kazakhstan et le rétablissement d’une partie des capacités perdues en Libye ces derniers jours, les pays parties à l’accord Opep+ restent sensiblement en-deçà du niveau de production auquel ils se sont engagés.
Le fait que les valeurs du secteur pétrolier soient très recherchées par les investisseurs à la Bourse témoigne « de la confiance dans le fait qu’on est sur un marché tendu », relève Matt Smith. Mercredi, le marché scrutera le niveau des stocks américains de brut et d’essence, publié par l’EIA. Les analystes tablent sur une baisse de 1,85 million de barils, selon le consensus médian établi par l’agence Bloomberg.
Il s’agirait de la septième baisses consécutive en autant de semaines. « Le WTI devrait tester les plus hauts de l’an dernier si les réserves continuent à diminuer », a avancé, dans une note, Edward Moya, analyste d’Oanda.
R. E.