Après un gros rhume, né de la conjoncture délicate qu’a connue l’Algérie sur près de toute l’année 2019, les relations algéro-françaises semblent en voie de rémission. Rapide si l’on considérait que moins de 48 heures après l’entretien entre Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, en marge de la conférence sur la Libye, tenue à Berlin (Allemagne), dimanche, le chef de la diplomatie français est dépêché en toute célérité à Alger, ce mardi.
Volonté affichée de rattraper le temps perdu entre deux pays aux relations privilégiées, mais altérées, ci et là, par des contingences politiques factuelles ?
En conférence de presse, à l’issue de ses entretiens avec son homologue algérien, Sabri Boukadoum, le chef du Quai d’Orsay, a donné le ton.
«L’Algérie a connu, au cours de l’année écoulée, une phase décisive de son histoire. Nous avons en permanence, au long de cette période, redit toujours la même chose. Nous avons toujours dit que c’était aux Algériens et à eux seuls de décider de leur avenir et de trouver ensemble les chemins d’un dialogue démocratique. Parce que cela faisait partie du respect que nous avons de la souveraineté de l’Algérie», a-t-il rappelé.
Le Drian met en avant qu’«Il y a désormais un nouveau gouvernement avec lequel la France veut travailler. Nos Présidents et Premiers ministres se sont parlé au cours des dernières semaines. Le Président Tebboune a manifesté une ambition pour l’Algérie, celle de la réformer en profondeur, pour renforcer la gouvernance, l’État de droit et les libertés, également pour relancer et diversifier l’économie, conformément aux aspirations exprimées par les Algériens, depuis un an»,dira-t-il, ajoutant que le Président Tebboune s’était engagé «à conduire l’Algérie dans un esprit de dialogue, afin que tous les Algériens puissent s’exprimer sur ces réformes».
Une vision, à priori plus claire, qui aura permis au diplomate français d’exprimer à «M. Sabri Boukadoum l’amitié de la France et le souhait d’ouvrir une nouvelle phase de nos relations bilatérales», pointant une volonté partagée «de réengager nos échanges au plus haut niveau, en 2020, afin de lancer la nouvelle dynamique». Les points d’orgue sont accordés !
Précisément, il s’agira pour l’hôte de l’Algérie d’une relance qui touchera tous les secteurs de coopération entre les deux pays «que ce soit la sécurité, l’économie, la culture, la justice, l’éducation, la mobilité ou encore la formation».
Concernant l’actualité internationale régionale, le ministre français a indiqué qu’il allait avoir, avec son homologue algérien, l’occasion d’évoquer ensemble plusieurs dossiers. Sur la base d’atomes crochus ? Le Drain enchaîne :
«Nous étions ensemble à Berlin, avant-hier ( NDLR , dimanche), sur le conflit libyen et nous allons coordonner nos efforts, au-delà même de la mise en place d’un cessez-le-feu durable, pour recréer du dialogue politique, et nous allons agir ensemble pour que les efforts que nous avons initiés à Berlin puissent se poursuivre», a-t-il affirmé.
Il a, également, évoqué la situation au Sahel sur laquelle il devrait faire le point et rappeler les objectifs communs de sécurité et de lutte contre le terrorisme entre les deux pays.
Donnant de l’épaisseur, sur ce plan, à son argumentaire, Jean- Yves Le Drian n’ pas manqué d’asséner que «L’Algérie est une puissance dont la voix compte au plan international. Elle l’a rappelé, récemment, en lançant plusieurs initiatives diplomatiques. C’est une puissance d’équilibre et de paix, fermement attachée au respect de la souveraineté des États et au dialogue politique. L’Algérie est écoutée et respectée, et sur ces bases-là, nous pouvons avoir ensemble une relation extrêmement forte, qui va être initiée de nouveau dans les entretiens que j’aurai avec le Premier ministre et avec le Président», a conclu le diplomate français.
Hacène Nait Amara