L’industrie du ciment suivra-t-elle la voie, finalement, bouchée des minoteries ?
La tendance le laisse croire, qui lève une autre saillie dans le peu de consistance de la gouvernance économique.
A l’heure d’une crise financière des plus aiguës, où légitimement il y a lieu de compter, au calcul d’épicier ses moindres sous, s’obstiner à continuer dans l’investissement d’un produit condamné à la saturation et donc éminemment n’offrant plus de débouchés, s’apparente à une véritable hérésie économique. Sans plus, ni moins !
Sinon, comment expliquer qu’on tende à maintenir le cap d’investir massivement dans une telle industrie pour atteindre jusqu’à 60% de surcapacité en 2020 sans pour autant s’assurer les débouchés de cette gigantesque production ?
Il est à souligner que la demande de ciment en lien direct avec les projets publics a connu un pic en 2016 avec environ 25 million de tonnes. Elle a ensuite commencé a à baisser pour finir aux alentours de 23 mt en 2017.
Dans ce contexte, et sauf une improbable explosion peu de grands projets d’infrastructures et de logements, cette tendance baissière se poursuivra inexorablement.
S’il est avéré que cette industrie primaire, sans grande valeur ajoutée, énergivore et de surcroit très polluante en poussières gaz CO2, où se situe alors le bien-fondé d’une démarche qui commande à injecter des milliards d’euros ?
D’aucuns voudraient bien y répondre en se gaussant de perspective d’exportation. Le grand mot !
Car il faut savoir que les marchés méditerranéens et africains représentent 45 million tonne, avec des pays exportateurs très performants avec des usines sur l’eau. Il serait de ce fait, difficile de les concurrencer avec nos usines loin des ports e sans aucune expertise de ces nouveaux métiers où les places sont déjà prises.
Dans le meilleur des cas, l’Algérie pourrait prétendre, au prix d’efforts considérables à écouler sur le marché international 4 mt par an , soit 10% des parts des marchés d’Afrique et de Méditerranée, ce qui serait considérable encore, mais pour des revenus maigrelets, traduits par une marge 2.3 USD/tonne.
De surcroît, et sans accord d’association avec les pays ciblés, le ciment national risque de buter sur les tarifs douaniers.
Cette situation interpelle un rationalisme primaire. Il faut arrêter de créer des industries vouées à l’échec où l’absence d’une vision de stratégique est criarde.
La question lancinante qui se pose alors est de savoir que faire des 20 mt de production supplémentaire en 2020?
Financer, ainsi, des projets, sur deniers publics, qui n’ont strictement aucun sens sur le plan industriel, commercial et financier participe d’une cécité qui aboutira, sans coup férir à générer conflits et crise avec le spectre de fermeture des usines ou clochardiser les plus vulnérables d’entre elles.
Evolution du marché du ciment en Algérie (Offre et demande)
2015 : la demande était de 26 mt et l’offre était de 21 mt
2016 : la demande était de 25,9 mt et l’offre était de 22,9
2017 : la demande était de 24 mt et l’offre était de 26,3
2018 : la demande sera de 22,9 mt et l’offre sera de 36,7 mt
2019 : la demande sera de 22,9 et l’offre sera de 38,7
K.A