A la veille du 19e anniversaire du séisme dévastateur qui a ébranlé Boumerdès un tristement inoubliable soir du 21 mai 2003, la wilaya est le théâtre d’importantes opérations visant l’éradication des derniers stigmates de cette catastrophe naturelle, dont les chalets installés au lendemain du séisme pour abriter le grand nombre de familles sinistrées. En effet, 19 ans après le séisme de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter qui a secoué Boumerdes et les wilayas limitrophes, force est de constater que les pouvoirs publics ont réussi, grâce à différents programmes d’habitat, à éradiquer presque la totalité des chalets.
De profondes douleurs et souvenirs persistent, néanmoins, dans l’esprit de certains, parmi ceux ayant survécu à cette catastrophe, ont confié que » certaines séquelles psychologiques douloureuses du séisme sont difficiles à effacer, même après près de 20 ans ». En parcourant aujourd’hui les zones sinistrées dans le passée, il est facile, avec la grande évolution de l’urbanisme, de remarquer les rares vestiges de ce séisme, généralement de vieilles constructions fortement dégradées, dont le retard de démolition est dû essentiellement à des conflits entre propriétaires, outre un petit nombre de chalets encore installés ça et là, de façon anarchique.
A noter également parmi les plus importantes séquelles de ce séisme, le reclassement de Boumerdes de « Zone sismique de type 2 à type 3 », avec pour effet immédiat une « remise à niveau » de tous les projets de logement et d’urbanisme en réalisation ou prévus au lancement dans la wilaya.
Les zones situées à l’épicentre du tremblement de terre ainsi que celles situées tout au long de la faille sismique ont, également, bénéficié d’un reclassement, un fait ayant permis l’implantation de projets de logements au niveau de nouvelles assiettes, non disponibles auparavant.
L’étude de reclassement de ces zones est prise en compte dans tout les Plans directeurs d’aménagement et d’urbanisme (PDAU), dont la révision est toujours en cours.
Le séisme du 21 mai 2003 a été, aussi, à l’origine d’une surélévation de l’ordre de 40 cm de l’écorce terrestre sur le littoral de Boumerdes, par rapport au niveau de la mer, ont indiqué des experts du Centre national de recherche appliquée en génie parasismique, lors de journées techniques sur ce sujet, organisées précédemment dans la wilaya.
Réfutant l’hypothèse du « repli de la mer vers l’intérieur », ces experts ont assuré que ce phénomène n’a pas été suivi d’un reflux des eaux, affirmant que l’important mouvement subi par l’écorce terrestre, visible à l’œil nu, tout le long du littoral de la wilaya, allant de Boudouaou à Dellys, est une résultante de la violence de ce séisme.
Près de 82% des chalets éradiqués
Près de 12.300 chalets sur un total de 14.900 unités installées, au lendemain de ce séisme, ont été éradiqués, à ce jour, par les services concernés de la wilaya, soit un taux de 82% de chalets démolis au niveau de 94 sites répartis sur 28 communes de la wilaya affectées par le séisme.
Les chalets restants, près de 2700, seront démolis progressivement selon un calendrier qui sera dicté par l’état d’avancement des travaux de réalisation des projets de logements dans la wilaya, avait assuré le wali Yahia Yahiatene, dans une précédente déclaration.
A ce jour, la wilaya a donc enregistré le relogement de près de 10.000 familles, représentant une population globale de plus de 40.000 âmes, à travers 20 communes, avec la récupération d’un foncier de 270 ha destiné l’implantation de nombreux programmes de logements et d’équipements publics, a souligné le wali.
Un programme de pas moins de 12.000 logements publics locatifs a été destiné, depuis 2013, au relogement des résidants des chalets, dont une grande partie déjà réceptionnée, à l’exception de près de 4.000 unités actuellement en chantier, et dont la réception se fera progressivement, en vue du parachèvement du programme d’éradication des chalets, à travers la wilaya, selon une précédente déclaration du directeur local du logement, Nabil Yahiaoui.
L’opération d’éradication des chalets installés au lendemain du séisme de 2003, a été officiellement entamée le 26 décembre 2016, avec la démolition de 500 unités dans la commune d’Ouled Haddadj, suivie progressivement par d’autres opérations similaires, toujours en cours, à travers la wilaya.
Un séisme violent et de lourdes pertes humaines et en biens
Les conséquences de la catastrophe naturelle du 21 mai 2003 étaient tragiques, car ce séisme violent a fait 1.391 morts et 3.444 blessés, outre des dégâts matériels considérables estimés à plus de trois (3) milliards de dollars.
Le tremblement de terre dont l’épicentre a été localisé dans la région de Zemmouri El Bahri, avait endommagé près de 100.000 habitations, dont plus de 10.000 furent complètement détruites, au même titre qu’une multitude d’équipements publics et mobiliers urbains vitaux, dont la destruction avait quelque peu paralysé la vie à Boumerdes. Une enveloppe de plus de 78 milliards de DA avait été dégagée dans l’urgence pour la prise en charge immédiate des sinistrés. Parallèlement, la wilaya avait bénéficié d’un programme d’urgence conséquent pour la réalisation de 8.000 logements destinés au relogement des sinistrés.
Le programme a permis la prise en charge de 6.900 familles, dont les habilitations étaient classées dans la catégorie « rouge », tandis que 3.300 autres ont été destinataires d’aides financières individuelles.
L’Etat a restauré, par ailleurs, 85.738 logements endommagés à des degrés divers, tout en accordant des subventions et aides directes à des sinistrés afin de procéder eux mêmes à la reconstruction de leurs logements.
Pour le seul secteur de l’éducation qui a accusé des dégâts considérables, l’Etat a pris en charge la réfection de 332 établissements et la reconstruction de 31 autres, ainsi que la réhabilitation de 67 structures universitaires, entre résidences et salles de cours, auxquelles s’ajoutent la reconstruction de la bibliothèque universitaire et des facultés des sciences et de Droit.
Dans le secteur de la santé, la wilaya a du reconstruire l’hôpital de Thenia, outre la réfection de trois hôpitaux, 10 blocs opératoires et 58 centres hospitaliers. Le secteur des travaux publics a été concerné, pour sa part, par la réfection de 10 ouvrages d’art et des ports de Zemmouri et Dellys, outre la restauration de 85 mosquées et la reconstruction de cinq autres, de la maison de la culture de Boumerdes et de 10 centres culturels.
R. N.