Une tristesse profonde planait mardi soir sur la ville d’Ain Yagout (30 km au Nord de la ville de Batna) qui semble ne pas s’être réveillée du choc de la nouvelle de disparition surprise de son digne fils et de l’homme de l’Algérie, le moudjahid, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, qui sera inhumé ce mercredi au carré des martyrs du cimetière El-Alia d’Alger.
Tous dans cette petite ville paisible sont affectés et pleurent en silence «ammi» (oncle) Salah comme aiment à le désigner les habitants d’Ain Yagout que le défunt n’a jamais oublié et s’y rendait de temps à autre en dépit de ses immenses responsabilités, a confié à l’APS son cousin, Mohamed Ahmed Gaïd.
Le défunt, a-t-il dit, affichait une modestie extrême envers les habitants de son village même si sa famille a été contrainte de se déplacer à Annaba en 1957 après que l’occupant français ait découvert son engagement révolutionnaire.
A l’entrée de la zaouïa Si Othmane Ahmed Gaïd, grand-père de feu Ahmed Gaïd Salah, dans son village natal Gabel Yagout, vers lequel les habitants d’Ain Yagout n’ont pas cessé d’affluer dès l’annonce de l’information de sa mort subite, un des proches du défunt, hadj Sassi Belloula, accueillait les visiteurs venus des quatre coins de l’Algérie présenter leurs condoléances à la famille du disparu.
Visiblement ému, hadj Sassi a indiqué qu’Ahmed Gaïd Salah a «vécu et est mort pour l’Algérie, et les jeunes doivent en faire un modèle dans la préservation du legs des chouhada et des moudjahidine». «Ce sont l’amour de cet homme envers la patrie, sa sincérité et la loyauté pour le pays qui ont poussé cette foule nombreuse à se diriger vers cette localité en ces moments difficiles», a-t-il confié.
Voisin de la famille d’Ahmed Gaïd et son compagnon d’enfance, Mohamed Saadoune qui dirige l’école coranique construite par Ahmed Gaïd Salah en hommage à son grand-père, a mis l’accent sur «l’humanisme et l’altruisme du défunt dont la disparition endeuille l’Algérie et l’institution militaire».
«Le défunt suivait constamment les affaires de la zaouïa et de l’école coranique, et encourageait et récompensait les meilleurs récitants du Saint Coran», a-t-il ajouté, affirmant que la dernière visite du défunt à la zaouïa remonte à seulement trois mois.
L’imam de la mosquée Othmane Ben Afane à Batna, Ali Bennia, a indiqué que le défunt a consacré toute sa vie au service du pays et a vécu en moudjahid et est mort en tant que tel. «Il a multiplié davantage ses efforts au cours des derniers dix mois en dépit du poids de ses 80 ans d’âge pour la protection du pays et se dresser au côté du peuple algérien dans la crise qu’il a connu», a-t-il encore dit.
Toutes les personnes rencontrées par l’APS, venus spécialement accomplir le devoir de présentation des condoléances dont Ouchène Aziz de Souk Naamane (Oum El Bouaghi), Mohamed Tayeb Lekehal de Ksar El Abtal (Sétif) et bien d’autres d’El Oued, Annaba, Ouargla et même de Bechar ont affirmé unanimement que «le défunt a veillé à la sécurité du pays et son peuple et a su par sa clairvoyance conduire le pays vers le bon port sans qu’une goutte de sang ne soit versée».
«L’histoire retiendra cela de ce digne fils de l’Algérie qui hier avait combattu l’occupant français pour l’indépendance du pays», souligne-t-on à Ain Yagout . Le village Gabel Yagout à Ain Yagout, village natal du défunt, continuait dans la soirée d’accueillir les foules de visiteurs venus des diverses wilayas présenter leurs condoléances.
R. N.