Au moins cent morts, des milliers de blessés et des centaines de milliers de sans-abri: ville «sinistrée», Beyrouth reste abasourdie mercredi, au lendemain d’explosions ahurissantes, des habitants cherchant encore des disparus et des affaires personnelles au milieu d’immeubles éventrés.
D’après les autorités, quelque 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, stockées «sans mesures de précaution» dans le port de Beyrouth, sont à l’origine de la puissance des déflagrations, les pires vécues par la capitale libanaise, malgré son histoire tourmentée. «La situation est apocalyptique, Beyrouth n’a jamais connu ça de son histoire», a estimé le gouverneur de Beyrouth, Marwan Aboud.
«On aurait dit un tsunami, ou Hiroshima (…). C’était un véritable enfer, quelque chose m’a frappé à la tête, et tous les objets ont commencé à voler autour de moi», a raconté à l’AFP Elie Zakaria, un habitant du quartier de Mar Mikhail, célèbre pour ses bars nocturnes et qui fait face au port. «C’est un massacre. Je suis sorti au balcon, j’ai vu des gens qui criaient, ensanglantés, tout était détruit», a-t-il ajouté.
La puissance de ces explosions présentées comme accidentelles est telle qu’elles ont été enregistrées par les capteurs de l’institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3. Et leur souffle a été clairement ressenti jusque sur l’île de Chypre, à plus de 200 km de là.
Le paysage, mercredi, reste lunaire: les conteneurs ressemblent à des boîtes de conserve tordues, les voitures sont calcinées, le sol jonché de valises et de papiers provenant de bureaux soufflés par l’explosion. Selon un dernier bilan provisoire de la Croix-Rouge, plus de 100 personnes ont été tuées et plus de 4.000 blessées. Selon le gouverneur de Beyrouth, jusqu’à 300.000 personnes sont sans domicile en raison des énormes dégâts.
R. I.