Détonateur d’un énième scandale, l’enregistrement sonore mettant en scène le directeur général de l’Entente Sportive de Sétif (ESS) et un agent de joueurs ; diffusé via les réseaux sociaux fin ramadhan écoulé, reste loin de constituer un scoop, la sphère du jeu à onze étant repue de tels esclandres par intermittence.
De ce point de vue, le seul intérêt de cette nouvelle affaire réside dans sa médiatisation poussée.
Elle a trait à la conversation téléphonique entre le premier responsable actuel de l’ESS, Fahd Halfaya et un manager, Nassim Saâdaoui, et qui a tourné autour d’un éventuel arrangement de matchs au profit de la formation sétifienne.
La vidéo devenue virale a fait bouger les lignes. Les réactions se sont enchainées. La tutelle organique, le ministère de Jeunesse est des sports (MJS) a condamné et a déposé plainte contre X. La FAF a emboité le pas, se saisissant officiellement de l’affaire et instruisant ipso facto, le président de la LFP d’actionner la guillotine pour faire tomber des têtes «en toute diligence».
Un branle-bas de combat qui tranche, grâce à la médiatisation de la chose sur les réseaux sociaux, faut-il mettre bien en évidence, avec la posture du dos rond affichée d’habitude par les responsables du football national, solidement campés à l’oukase : «apportez des preuves !».
La belle affaire, quand en amont et en aval de toutes les divisions, le simple supporter décompte une moyenne annuelle équivalente aux tiers des clubs qui les composent en marchandages, combines et dans le meilleur des cas des tentatives de corruption soit du joueur adverse, soit du corps arbitral.
Si la méthode ne faisait pas tache, depuis des décennies encore, le patron de l’Entente sétifienne n’aurait pas succombé à la tentation du diable, tant il est qu’il fût coupable.
Sur des années, bon nombre de chairmen de clubs montaient au maquis pour dénoncer de telles pratiques, et dont une bonne cohorte s’adonnait à l’exercice éhonté de l’agneau qui hurle avec les loups, mais qui restaient toutes bonnes à alimenter le sensationnel médiatique.
A présent une patate bien chaude roule entre les mains de la FAF et de la LFP.
Cette dernière a multiplié les auditions, des présumés coupables aux supposés témoins.
Le dernier en date, le président de l’US Biskra, Abdallah Benaïssa, entendu ce dimanche 31/05 par la commission de discipline de la Ligue.
Benaïssa y est allé de son aveu le plus doux : «Effectivement, j’ai été contacté par une personne, dont je préfère taire le nom, pour arranger le match face à l’ESS. L’affaire se trouve actuellement entre les mains de la justice, mais je peux vous assurer que le match n’a pas été arrangé. L’USB est un club propre qui ne marche pas dans la combine, d’autant plus que nous jouons pour le maintien», a-t-il soutenu, la main, on le devine, sur le cœur, sans avoir pour répondre à l’interrogation bête : attendre une opportunité pour le clamer, après plus de 03 mois de silence inexpliqué !
Où le bât blesse est que le président de la FAF, patron du football national et président sur des années du Paradou AC, soit issu d’un milieu dont il est supposé connaitre bien les méandres et les marécages pour, subséquemment, endiguer un fléau, de par des dispositions infaillibles, en trois ans de gestion de la fédération maintenant.
Car, enfin, que vaut finalement même un sacre continental quand celui est pourri à la base ?
Sur le tard, la FAF vient de communiquer récemment sur l’installation d’un responsable du Département Intégrité. Une espèce de «Monsieur propre» qui aura pour mission de faire les ‘’Douze + 1 travaux d’Hercule’’, le héros de la mythologie grecque n’avait jamais été confronté à la réalité occultée du football algérien.
Mais on peut toujours avoir les rêves qu’on veut. Dont acte !
Noufel Bousshaki