Partis traditionnels et classe politique n’ont pas survécu à la révolution populaire en marche depuis le 22 février.
Le mouvement populaire et même s’il peine à en trouver une solution substitutive, à même de sortir de ses rangs des leaders légitimes et consensuels s’arquebouteà sa posture nihiliste notoire pour fermer ses portes à une classe politique à laquelle elle reproche, au mieux, son inefficience, au pire, sa collusion avec le régime et son système honni. Pis, même des personnalités politiques sensées être ‘’au- dessus de tout soupçon’’ ne trouve grâce à ses yeux.
C’est dire un peu que la déferlante du vendredi ne veuille s’encombrer d’aucun compromis. Et encore moins de compromission.
Ainsi, les trois principales tendances qui composaient jusque-là le paysage politique connaissent-elles des (in)fortunes diverses.
Premier à être littéralement laminé, le pôle qui abritait l’Alliance présidentielle, une entité conçue pour consacrer l’ancien Chef de l’Etat à toutes ses échéances électorales suprêmes. Il regroupait le FLN, le RND, le MPA et TAJ.
Le RND décapité
A ce niveau, c’est un séisme de grande intensité suivi d’un tsunami qui a ébranlé les quatre formations et dont quelques rescapés tentent, vainement de remettre à flot.
Les plus gros dégâts sont à enregistrés chez le Rassemblement National Démocratique (RND). Surnommé ‘’le bébé moustachu’’ en raison de sa capacité de machine à gagner les élections, il est venu en appoint du frère ainé, le FLN, pour constituer la majorité absolue en tout temps et espace.
En faisant incarcérer son Secrétaire Général, Ahmed Ouyahia, en sa qualité d’ancien Premier ministre ; à l’aune de l’opération ‘’faucille ‘’ toujours en cours, le nouveau pouvoir a mis le RND sur le bûcher.
Le FLN n’en mène pas large
Des cendres qui en restent, des Rastignac, à l’image de l’ex numéro 2 du parti, Seddik Chihab, celui là même qui a initié l’art des transactions par ‘’la chkara’’ intra muros, tentent de ré émerger sur des sols incandescents.
Curieusement, la similitude a de sa trajectoire avec son alter égo du parti historique reste frappante.
Apparenté au FLN, même si le fait n’a jamais étalé outre mesure, Abdelmalek Sellal, ancien Premier ministre est également en prison et pis, d’un point de vue éminemment politique, l’ancien DG du parti, Djamel Ould Abbes, à de fortes chances de le suivre.
Une occurrence que la caste des opportunistes qu’incarne tellement fort le nouveau patron du Front, Mohamed Djemaï et une pléiade d’affairistes encartés, tente de mettre à profit pour se mettre au devant de la scène.
TAJ perd sa couronne
Foulant aux pieds et le mot d’ordre de bannissement du mouvement populaire et, surtout, l’appel de l’Organisation Nationale des Moudjahidine (ONM) version- Mohand Ouamar Benlhadj de restituer le parti historique à son peuple.
Le plus obséquieux parti de la mouvance islamiste, TAJ d’Amar Ghoul, pour sa part aura joué et perdu au final. Dissident du Hamas originel, son président Amar Ghoul et fidele à sa nature, a tôt fait de vouloir changer le fusil en tentant l’allégeance à l’Armée et à son chef, Ahmed Gaïd Salah.
Peine perdue, Ghoul est rattrapé par le scandale de l’autoroute Est- Ouest , un méga projet placé sous son autorité sur plus de 10 ans alors qu’il était ministre des Travaux Publics.
Sous le coup d’une procédure de la levée de son immunité parlementaire, son procès s’avère imparable au moment ou son parti a déjà volé en éclat.
Quid du PT ?
Le même sort est réservé au quatrième larron de la troupe, le Mouvement Populaire Algérien (MPA) étêté depuis la mise en détention de son controversé président, Amara Benyounès.
Enfin, cas atypique, le Parti des Travailleurs qi voulait bien s’inscrire dans l’opposition tout en ayant pignon sur rue sur la ‘’ Grande Avenue- Pouvoir’’, ne valait, en fin de compte ,que par les coups de gueule et ruades de sa tonitruante SG, Louisa Hanoune.
L’opposition, dites- vous ?
La Pasionaria à présent incarcérée , le PT, en tant que formation politique, véhiculant déjà une doctrine archaïque, va de lui-même droit vers la potence.
Reste la classe dite d’opposition, regroupée, circonstance oblige, en un aréopage dont le moins qu’on puisse en dire est qu’il soit assez curieux.
Elle a pour têtes de file, Ali Benflis, ancien homme du sérail et chef de gouvernement, Abderrazak Mokri, leader du MSP, Abdallah Djaballah, mentor du PJD, Abdelaziz Belaid, chef du FeM, Mohicine Belabbas, président du RCD, et le FFS .
Tout pour le hirak
Des noms qui se veulent retentissants mais qui n’ont, finalement, pas finalement pesé lourd au ‘’tribunal de la rue’’ qui les désavoués et récusés.
En définitive, l’on doit s’attendre à un concept nouveau de la pratique politique et partant les formations appelées à l’exercer. Ses jalons, imprécis pour l’heure, sont à cueillir dans la colère et les slogans des marches populaires.
Mais si le hirak en trace la voie, menant inéluctablement à une nouvelle République, sera-t-il à même d’en produire des timoniers ?
Wait and see !
Hacène Nait Amara