Le Président-directeur général de la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires (SGSIA), Tahar Allahche annonce la mise en service de la nouvelle aérogare d’Alger au courant de ce mois d’octobre. Tous les essaies techniques liés la gestion de cette infrastructure ultra-moderne ont effectués avec succès. Toutefois, l’exploitation de la nouvelle aérogare d’Alger se fera d’une manière graduelle. Dans cette entretien accordé à l’équipe du magazine Indjazat, Tahar Allache revient sur la genèse de ce projet qui mettra l’Algérie au diapason de ce qui se fait partout ailleurs dans le monde en matière d’infrastructures aéroportuaires.
Entretien réalisé par Hacène Nait Amara
Pouvons-nous avoir un aperçu un global sur la nouvelle aérogare d’Alger ?
Je tiens tout d’abord à rappeler qu’un schéma directeur du développement de l’aéroport actuel a été lancé en 2009. Le choix de l’implantation de la nouvelle aérogare s’est porté sur le côté Ouest, immédiatement à proximité de l’actuel aérogare international (T1) d’Alger pour permettre, déjà, une jonction pratique et idéale entres les deux infrastructures. Je dois dire, également, que l’idée du lancement de ce projet d’envergure, intervenant juste après la réalisation de l’aérogare actuelle, en 2006, nourrissait plutôt le scepticisme et même mes plus proches collaborateurs n’y croyaient pas vraiment.
Cela dit, nous avons alors entamé les études techniques et une fois ces dernières terminées et approuvées, nous avons lancé l’avis d’appel d’offre international subséquent pour la réalisation du projet.
C’est le groupe chinois, China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), qui a été retenu alors que l’architecture a été confiée à un Bureau anglais et le suivi des travaux à un bureau d’études- engineering espagnol. Voilà donc, en gros pour l’historique du projet.
Vous estimez que vous êtes dans les temps dans le rapport début des travaux réception du projet ?
D’une manière globale, oui. Il faut savoir que le terrain avait déjà été préparé à l’avance et les réseaux d’électricité et du gaz, qui traversaient le terrain ont été déviés.
Les travaux ont commencé en janvier 2015. Actuellement ils sont presque achevés et la livraison du projet se fera dans les délais prévus, à savoir vers la fin 2018.
Actuellement nous en sommes à la phase cruciale des tests. Sur ce plan, et afin d’éviter toute anomalie dans nos services, nous avons procédé aux tests de tous les équipements du terminal. Cette phase sera définitivement scellée au 31 août 2018.
Nous allons entamer, à présent, l’étape des tests de simulation de vols de sorte à faire tourner tout le système comme cela devrait se passer dans sa phase opérationnelle réelle.
Des prévisions fiables en perspective ?
Nous avons arrêté le nombre de passagers de la nouvelle aérogare à plus de 10 millions passagers par an. Sa surface s’étale sur 200 000 M2 avec 4300 places de parking véhicules et environs une trentaine de places dédiées au stationnement des avions du côté piste.
Mais pas seulement. Nous avons élaboré un schéma directeur à travers lequel un décret a été élaboré exécutif afin de protéger et bloquer les terres se trouvant au Sud de l’aéroport de l’urbanisation pour permettre, dans le futur quand cette partie-Nord sera saturée, de les récupérer.
De ce fait, et en plus des 10 millions de capacités d’accueil prévu pour le nouveau terminal, et avec la prochaine extension envisagée sur le côté Est, le tout atteindra un total de 32 millions de passagers/an.
Question incontournable : peut-on connaitre le coût pour la SGSIA dans la réalisation d’un tel projet d’envergure ?
Notre entreprise a mis 12 illiards de DA en cash et procédé à un emprunt bancaire de l’ordre de 62 milliards DA, remboursable sur 20 ans avec 7 ans de délai de grâce et à un taux d’intérêt, de 2%. Toutefois, le volume est appelé à être augmenté sous l’effet de la dévaluation de la monnaie nationale.
Nous devions, également, assurer, sur fonds propres, le financement d’une nouvelle centrale électrique, dont le coût est estimé à 2 milliards DA. Idem pour le financement d’une base- vie dédiée aux services de police qui seront chargé de la sécurisation de l’aéroport et qui est évaluée à plus de 2 milliards DA, aussi.
L’objectif prioritaire de votre entreprise étant d’éviter au maximum le recours au Trésor public pour le financement de ce nouvel aéroport et donc d’en générer de substantiels bénéfices, quelle serait, alors la surface réservée au commerce dans l’enceinte de l’aérogare ?
Il faut d’abord noter que les revenus de l’aéroport ne sont pas uniquement commerciaux. Dans ce contexte, il faudra compter aussi l’argent des taxes sur les passagers, celles liées à la location des espaces de banques électroniques que nous mettons, également à la disposition des compagnies aériennes. Nous détenons, à peu près, une superficie globale de 20 000 m2 de commerces. Mais il ne faut pas oublier, non plus, que dans une aérogare il existe une partie visible et une partie invisible.
Rien que pour le sous-sol, nous avons 40 000m2 d’espaces où l’accès est réservé aux personnels de l’aéroport. A l’intérieur, nous avons des locaux techniques et des Centrales de Traitement d’Air (CTA) et d’électricité.
Au niveau du RDC, dans le tri- bagages, il y a la partie dédiée aux passagers et une autre dédiée aux personnels de l’aéroport. Ajouter à cela, la jetée et les pré-passerelles. Il faut noter que tout cet espace-là ne rentre pas dans l’aspect commercial.
Peut-on soutenir que cette aérogare cadre parfaitement avec la classe dite A?
Absolument ! Sa conception est très différente de celle de l’ancienne, en service, actuellement. Je peux vous dire qu’elle répond à ce qui se fait dans le monde. Sur les côtés, dans les salles de traitements sécuritaires pour les bagages, nous avons des équipements techniques de pointe. Je peux citer, entre autres, six scanners (EDSE 3) de dernière génération et dont la disponibilité sera obligatoire dans tous les aéroports dès 2020.
Au niveau supérieur, la plus grande partie, réservée en particulier aux passagers, comporte 120 guichets d’enregistrement, la partie immigration (PAF) et la jetée, Un autre niveau de bureaux servant de mezzanin pour les gestionnaires de l’aéroport. Nous avons également 6 tapis en plus par rapport à ce que dispose l’aéroport actuel, soit 12 en tout.
Quel est le montant des recettes générées par le parking de l’actuelle aérogare ?
Les recettes générées par le parking de l’aéroport dans le cadre de l’activité de l’actuel terminal sont insignifiantes. Le montant est estimé à 400 millions de dinars par an alors le chiffre d’affaire global tourne autour de 9 milliards DA.
Ce deuxième volet nous a d’ailleurs appelé à revoir le système en cours. Ainsi et si nous avons introduit la formule une demi-heure de parking gratuite à l’automobiliste c’est bien pour éviter la saturation des places. En parallèle, nous avons prévu un ‘’dépose-minute’’ dans la nouvelle aérogare. Avec ce nouveau système, l’heure coûtera plus cher mais néanmoins, le but recherché est d’inciter les automobilistes à faire diligence et, donc, à libérer les places.
En tout état de cause, nous n’aurions rien inventé mais nous voulons faire comme cela se passe partout dans le monde et offrir une meilleure qualité de service à nos usagers.
Dans cette même veine, j’appellerais les visiteurs du nouvel aéroport de coopérer avec l’entreprise aéroportuaire dans l’intérêt des passagers et nous voudrions en définitive que les algériens soient fiers de cet aéroport et de ses services.
Le touriste algérien ou étranger, à son arrivé à l’aéroport, fait souvent état de comportements déplorables, limite agressifs, de la part, soit, des cambistes informels ou par des transporteurs clandestins ; cela sans omettre les cas de vol de bagages…
Pour ce qui est du premier chapitre, il ne s’agit pas là d’un phénomène nouveau. Il n’est pas non plus spécifique à l’Algérie. Les services des Douanes algériennes font de leur mieux pour contrôler ce genre de comportement. Pour le recours aux services des transports clandestins, je suppose que ces derniers proposent des courses moins chères que les taxis officiels. S’agissant de la problématique du vol de bagages, je dirai que l’aéroport n’est pas concerné par ce phénomène.
Toutefois, les services de police et des douanes travaillent en parfaite collaboration pour débusquer les auteurs de tels actes délictuels, grâce aux caméras de surveillances qui restent à même de détecter le vol à l’origine, en soulignant que ces indélicatesses s’effectuent, généralement en dehors de nos zones.
Il faut également noter que tout ce qui est acheminement des bagages vers le tapis, relève de la responsabilité des compagnies.
La procédure du contrôle au scanner de la Paf à l’aéroport d’Alger s’est renforcée ces dernières années. La procédure suit les voyageurs jusqu’à l’avant embarquement. Ceci pénalise en premier lieux les compagnies aériennes dont enregistrent souvent des retards à cause cette procédure ?
Nous sommes en train de voir comment faciliter la procédure de contrôle au niveau de l’aéroport. D’ailleurs, un groupe de travail a été installé récemment et planche actuellement sur cette question.
Mais il ne faut jamais oublier que nous sommes toujours tenus d’assurer la sécurité aux passagers ainsi que la ponctualité des vols.
Qu’en est-il du volet formation ?
Nous avons identifié toutes les actions de formation sur lesquelles nous devons intervenir. A ce niveau, certaines formations ont été validées et retenues, et d’autres rejetées.
Tout ce qui est volet sécurité, traitement du passager et utilisation du matériel est inscrit au chapitre de formations prioritaires à dispenser à nos équipes. Pour cela, nous avons identifié l’ensemble du personnel assujetti à formation. La même chose est prévue au profit de nos partenaires dont nous avons également identifié le personnel devant bénéficier de la formation notamment s’agissant du volet acheminement des bagages et l’utilisation de nos appareils.
Les travaux de bâtiments ne sont toujours pas achevés, à quoi est dû ce retard ?
Les travaux de réalisation du parc automobile et celui des avions n’ont pas les mêmes délais. Nous avons fixé pour l’aérogare 40 mois comme délai et pris en considération le fait que le terrain n’était pas praticable à causes de problème de canalisations (réseaux d’assainissements, d’AEP…) qui traversaient le sous-terrain et qu’il fallait déplacer au préalable avant l’entame des travaux de terrassement.
Nous avons fait en sorte que les deux parkings se terminent à temps. Même chose aussi pour l’hôtel qui va être achevé en même temps que la nouvelle station ferroviaire. La Société d’investissement hôtelière (SIH), chargée de la construction de l’hôtel était très performante et les travaux avancent très bien, à ce niveau
Un mot, enfin, sur la tarification ?
Nous avons construit un bijou. Il faut bien qu’on le rentabilise. Nous avons fixé les tarifs en tenant compte des conditions de réalisation et du taux de l’inflation. Nous travaillons de manière à répondre à la demande du client et aussi à créer notre commande pour pouvoir se développer davantage. Nous souhaitons avec la nouvelle aérogare accueillir de nouvelles compagnies aérienne
H. N. A.